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Une brève histoire de la participation citoyenne

Quels sont les grands jalons de la participation populaire à la gestion des affaires communes de la France dans notre régime de démocratie indirecte? Cette histoire est-elle achevée?

On le sait, d’abord absente de la vie politique régie par la monarchie, la participation politique aux affaires de la cité a longtemps été le privilège d’une caste cooptée, principalement sur des critères de richesse et de tradition (noblesse héritée). Sous l’ancien régime, à la veille de la révolution française, on estime que la noblesse représentait 120000 à 180000 personnes sur un total de 28 millions soit 0,5% de la population. Et encore ces quelques aristocrates n’avaient-ils qu’une influence limitée sur les affaires de la couronne.

En France, si l’on omet la « République des Escartons« , l’histoire de la participation citoyenne aux affaires de la cité (nettement amoindrie par le régime représentatif) débute avec le suffrage universel. Celui-ci est adopté par un décret proposé par Ledru-Rollin aux prémices de la 2ème République éclose sur les décombres de la Révolution de 1848. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il écrira en 1851, depuis son exil londonien, « Du gouvernement direct du peuple », une brochure appelant à la mise en œuvre de la démocratie directe. Toute une génération est alors travaillée par cette question, tels Considérant, auteur de « La solution ou le gouvernement direct du peuple » (1845) ou Rittinghausen avec « La législation directe par le peuple » (1852). Une génération aujourd’hui tombée dans l’oubli.

Réintroduit avec la IIIè République (1870) qui s’empressera de réprimer dans le sang la Commune (1871) et ses élans d’autogouvernement citoyen, le suffrage universel est aujourd’hui à l’agonie. Le parti de l’abstention est désormais majoritaire (grossièrement 50% pour toutes les élections,  sauf la présidentielle autour de 20%).

En assimilant l’abstention à un vote de défiance (ce qu’il est pour une grande part), les résultats réels aux scrutins s’effondrent, illustrant un rejet plutôt qu’une adhésion au régime représentatif exsangue.

Les résultats de la présidentielle de 2022 selon cette méthode[1], E. Macron est le président de 20% des électeurs, voire 18% en réintégrant les français non inscrits[2]. A cette aune, la démocratie même représentative perd radicalement son sens.

Depuis la Révolution française, la participation populaire au gouvernement a connu bien des soubresauts. Ce graphique – totalement subjectif – représente l’histoire (non linéaire) de cette participation citoyenne (jusqu’ici en régime représentatif).

Schéma (subjectif) de la participation citoyenne à la vie publique en France depuis 1848

[1] En comptabilisant comme des suffrages exprimés contre tous les candidats, les abstentions et les votes blancs (abstentions 12 824 169 ; blancs 543 609).
[2] En ajoutant à ce décompte les votes des non-inscrits, soit 5, 2 millions de citoyens qui n'ont pas même fait l'effort de s'inscrire sur les listes électorale (pour une grande part par dégout / désintérêt de la vie politique)