La naissance d’une démocratie directe intégrale ou autogouvernement zapatiste au Chiapas
Le 1er janvier 1994, les indigènes insurgés constitués en armée de libération (EZLN) prennent d’assaut les points stratégiques de la région du Chiapas au sud du Mexique. Les armes sont déposées 12 jours plus tard sur les bases d’un cessez le feu négocié avec le gouvernement de Mexico. L’armée insurgée dirigée par le fameux sous commandant Marcos et la population civile commencent alors à organiser de façon strictement autonome, dans les territoires du Chiapas acquis à leur cause, leur vie politique, sociale, économique. Des assemblées décident des mesures à prendre dans chaque village, dans chaque commune pour créer des écoles, bâtir un système de santé efficace, administrer la justice, en bref, mener une vie d’homme libre. Des représentants bénévoles sont chargés de préparer et suivre les décisions de ces assemblées qui gardent toujours le dernier mot.
L’organisation au niveau régional
En 2003, des autorités régionales sont élues par des assemblées de zones nouvellement constituées. Chacune des 5 régions dispose désormais de son « Conseil de Bon Gouvernement » chargé de recenser et coordonner les initiatives locales sur un plus vaste territoire. Chaque région et les communes, villages qu’ils englobent conservent toutefois leur organisation et leurs pratiques spécifiques (diversité dans la durée des mandats, l’organisation et les prérogatives des pouvoirs, etc.)
Le Chiapas, un territoire montagneux grand comme la Belgique compte 5,2 millions habitants dont 200 à 300 000 seraient des compañeros autonomes. C’est aussi la région la plus pauvre du Mexique (parmi 32) avec un revenu correspondant à 3% du niveau moyen des revenus de l’OCDE. Cette population pauvre donc, en grande majorité paysanne (producteurs de café notamment), dont la majorité est illettrée a su, notamment grâce à sa culture, mettre en place une expérience d’autogouvernement, la plus durable jamais observée dans l’ère moderne.
“Ils ont peur que nous nous rendions compte que nous pouvons nous gouverner nous même”
En 2014, « la petite école » rassemble des volontaires des quatre coins de la planète pour apprendre de cette expérience et entrevoir un autre futur : Il est possible de changer le monde ! La traduction locale dans nos sociétés industrielles contemporaines reste à mener.
Une histoire toujours en mouvement
En 2019, l’extension des territoires insurgés est officialisée ( 7 nouvelles régions, 4 nouvelles communes) corroborant l’idée zapatiste d’un processus sans fin. Aussi, la construction de la liberté et de l’autonomie ne sera jamais parfaite et ne prendra jamais fin.
Lire également l’article détaillant l’organisation de l’Autogouvernement zapatiste.